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Portrait de l'arthurien Arnaud Marion, nouveau PDG du groupe Colisée, dans Les Échos du 8/1/25

15 janvier 2025 Membre
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Colisée : Arnaud Marion, au service du grand âge

(Les Échos du 8/1/25)

L'homme qui a redressé Doux, le Lido et les pianos Pleyel vient de prendre la tête de Colisée, un acteur majeur des Ehpad privés en Europe. Dans un environnement secoué par la crise du Covid et le scandale d'Orpea, il devra consolider ce groupe de 458 établissements, devenue société à mission en 2021.

Arnaud Marion tourne une page. Succédant à Christine Jeandel, le voilà désormais PDG de Colisée Groupe, un gros paquebot de 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires avec plus de 450 établissements pointant au quatrième rang européen des Ehpad et maisons de retraite. A 58 ans, l'homme, costume-cravate impeccable, exauce son souhait : « me stabiliser en m'inscrivant dans un projet à long terme ». Car depuis son diplôme de Sciences Po et de premiers pas à la banque Edmond de Rothschild, Arnaud Marion a eu mille vies.

Fondateur en 2001 d'un cabinet spécialisé dans le management de crise, ce fils d'un général de gendarmerie a, en 20 ans, sauvé, redressé ou restructuré une quarantaine de sociétés de tous secteurs. A l'instar du volailler Doux , des pianos et de la salle Pleyel, du Lido ou plus récemment de Smovengo.

Paroxysme de la crise

Quand il débarque au chevet de l'opérateur du Vélib' parisien, à l'été 2018, la mairie de Paris menace de casser le contrat avec son prestataire. « Partout, mon arrivée correspond au paroxysme de la crise », ironise l'ancien « urgentiste » des boîtes en déroute qu'on appelait souvent en dernier recours. Pas question pour autant de le caricaturer en « nettoyeur » impitoyable. « J'endossais le rôle du CEO parfois sur plusieurs années pour essayer de redessiner un avenir et engager la transformation du modèle. On m'a souvent sollicité pour fermer des usines, j'ai toujours refusé. J'ai sauvé beaucoup plus d'emplois que je n'en ai détruit », assène, voix feutrée, le dirigeant.

Avec Colisée, et quelque 22.000 salariés, il ne s'agit certes pas d'une mission sauvetage. Mais alors que les maisons de retraite privées sont sur la sellette depuis la pandémie de Covid et le scandale Orpea, les actionnaires du groupe, que sont le fonds suédois EQT et le canadien CDPQ, n'ont pas choisi par hasard ce patron habitué à manoeuvrer par temps orageux.

Il a d'ailleurs fondé en 2020 un organisme de formation spécialisé, l'Institut des Hautes Etudes en Gestion de Crise (IHEGC). Son profil ne court pas les rues, observe Valérie Ohannessian, membre du directoire d'Indigo Group, qui se dit frappée « par sa capacité rare à embrasser une problématique dans toutes ses dimensions. Sa valeur ajoutée, complète cette amie fidèle, s'exprime le mieux dans des situations complexes. C'est ce qui le stimule et lui donne le sentiment d'être utile. La routine, ce n'est pas pour lui ». Pénurie de personnel, budgets contraints, image dégradée … les groupes d'Ehpad font face à d'immenses défis. Il va être servi.

Depuis sa prise de fonction en octobre, cet amateur averti d'opéras, de thé vert et de ballets contemporains, auteur d'un livre sur l'histoire de Pleyel, orchestre déjà une nouvelle partition en interne. Les managers du siège sont ainsi invités à se rendre plus souvent dans les établissements en régions pour comprendre les éventuels blocages et aider la direction locale à trouver les solutions les plus appropriées.

Entreprise à mission

La démarche est conforme à la nouvelle orientation de Colisée, devenue en 2021 entreprise à mission. Ce statut est censé graver dans le marbre la volonté de mettre au centre de la stratégie la qualité du service et la satisfaction des résidents et de leurs familles. Une dimension qui a compté dans le choix d'Arnaud Marion d'intégrer le groupe. « Au Comex, le directeur médical a autant de poids que le directeur financier. La performance n'est pas l'ennemi de la qualité. Ce n'est pas parce qu'on veut améliorer nos indicateurs financiers qu'on va couper les coûts », martèle ce père de quatre filles. Côté ascendance, certains de ses proches ont vécu leurs dernières années en maison de retraite médicalisée. « Et j'ai vu comment ils y ont été bien traités. Les Ehpad sont perçus comme solution de la dernière extrémité. Mais en réalité nos résidents restent en moyenne 27 mois », plaide-t-il. Et d'ajouter : « dans les années 2030, la France va connaître une vague de baby-boomers de plus 85 ans. Beaucoup ne pourront pas vieillir à domicile et iront en Ehpad ». Pour lui, ce modèle dont il est maintenant l'un des porte-voix, reste incontournable.

Bruno Askenaz




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